Merveilleuse Dora Maar
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Guernica 1937 d’Alain Vircondelet est un excellent roman, paru chez Flammarion. L’auteur décrit la passion amoureuse qui unira Pablo Picasso à la talentueuse Dora Maar au cours des années 30.
Je profite de ces quelques lignes pour revenir sur le parcours cette femme, artiste d’origine croate, dont le charisme n’a cessé de m’hypnotiser au fil des pages.
Née à Paris en 1907, la jeune Henriette Theodora Markovitch passera son enfance à Buenos Aires suite à une mutation de son père architecte. De retour dans la capitale en 1926, elle suit des cours aux Arts Déco puis à l’Académie Julian. À cette période elle raccourci son nom en Dora Maar, devient photographe professionnelle et s’installe dans un atelier rue d’Astorg. Amie de Prévert, Cartier Bresson, Georges Bataille et beaucoup d’autres, le travail de la belle Dora apportera une pierre magistrale à l’édifice surréaliste.
En 1935, Picasso tombe en pâmoison devant deux portraits de la jeune femme découverts à l’atelier de Man Ray. L’artiste aurait proclamé « vouloir cette femme à tout prix ».
La rencontre aura finalement lieu quelques semaines plus tard aux Deux Magots, célèbre café de St Germain des prés. Dora voulait impressionner Pablo. Elle y parviendra. Suivra une relation passionnée entre les deux artistes, faite d’amour, d’emprise et de passion sous l’égide de leur arts respectifs. Picasso, qui par ailleurs était toujours en couple avec Marie Thérèse Walter, semblait avoir trouvé en sa jeune maîtresse cette relation de complémentarité qui lui avait jusque là manqué. Dora, forte personnalité, comptait bien exister par elle même auprès du « maître ».
Il lui demandera de l’initier à la photo, elle se mettra à la peinture pour lui.
En 1937, au delà de ses diverses contributions, Dora jouera un rôle important en assistant son amant au cours de l’élaboration de Guernica. Elle immortalisera sur pellicule toutes les diverses étapes de la conception du chef d’œuvre. (VOIR)
Hélas, l’intérêt du minotaure pour sa muse s’éteindra doucement à mesure que Dora, s’enfermera dans une mélancolie docile à force de ne pas trouver sa place auprès de celui duquel elle attendait beaucoup. Trop sans doute, de la part d’un homme habitué aux passions fortes et éphémères. Picasso qui ne pouvait tolérer la moindre emprise, peindra à de nombreuses reprises cette femme qui pleure.
Au delà du sentiment d’abandon, Dora se sentira moquée et dépossédée de son image par son amour qui la représentait chaque fois plus triste.
« Je vous voulais forte – Je ne vois plus que des larmes » lui aurait asséné Picasso, impitoyable.
Se sentant reniée, Dora annihilera peu à peu toute cette révolte qui avait tant plu au peintre au moment de leur rencontre. Après leur rupture définitive en 1943, elle se retirera peu à peu du monde et finira ses jours en recluse, partageant son temps entre Paris et le Lubéron. Elle consacrera la fin de sa vie à la peinture s’employant à traduire le passage du vent, qu’elle imaginait comme la clé du mystère de sa vie.
« Le vent ne fait que passer sans se soucier ni des désastres laissés, ni des hommes »
Cette femme forte, cet artiste majeure dont le cœur et l’âme avait su toucher Picasso décèdera en 1997. Qu’il me soit permis ici de lui rendre l’hommage qu’elle mérite et de partager son travail.