Le retour de Saint-Augustin
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L’église Saint-Augustin, construite par Baltard sous le Second Empire, fut achevée en 1871. Destinée à casser la perspective du nouveau boulevard Malesherbes, Napoléon la destinait à devenir nécropole impériale. La réalité en décidera autrement.
J’ai quelques temps travaillé à proximité. Combien de pauses déjeuner ai-je passé à lire assis sur ces marches dont les hauteurs m’offraient l’opportunité d’une précieuse distance avec le monde professionnel.
J’éprouvais une affection particulière pour les quatre chimères qui surplombaient l’entrée. Rongées, noircies, décapitées… de leur splendeur passée ne restaient que des bribes. Après enquête, je découvrais que ces ruines représentaient les quatre évangélistes. N’ayant jamais trouvé aucune photo qui aurait pu me renseigner sur leur aspect original, je laissais travailler mon imagination.
Dix ans passèrent. Au fil du temps, le bâtiment confirmait son inéluctable délabrement.
En 2016, à l’issue d’un long séjour à l’étranger, je découvrais qu’une immense publicité pour Smartphone dissimulait désormais la façade. L’espoir redevenait possible.
Un beau jour, le coffrage disparut au profit d’un résultat que je reçus en pleine figure… Cela valait la peine d’attendre! Un fronton flambant neuf illuminait à nouveau la perspective. Merveille des merveilles, mes évangélistes triomphants étaient de retour dans leur intégrité. De gauche à droite, Matthieu l’archange, Marc le lion, Luc le bœuf et Jean, l’aigle avaient retrouvé leurs formes et mettaient enfin un point final à mes fantasmes.
Dissimulés derrière leurs bâches, les artisans avaient réalisé un travail extraordinaire. Je profite de ces quelques lignes pour leur rendre hommage. La chose avait été rendue possible grâce à un important financement débloqué pour restaurer ce patrimoine en perdition.
Entre temps, Saint Eustache avait été rénovée avec le même succès. Devraient suivre Saint-Merri et Saint Philippe du Roule qui en ont grand besoin.
Pourvu que ca dure!